« Combinant », pour le reprendre lors de son illustre entretien le dimanche 18 février 2024, sa posture de 2011 et sa position actuelle de févier 2024 relativement à la protection et au respect de notre Charte fondamentale contre les atteintes venant des hommes politiques, nous nous rendons compte inéluctablement que le Professeur Ameth Ndiaye est d’une constance inégalable dans par rapport à ses pairs constitutionnalistes.
En 2012, lors d’un débat animé par le journaliste Mamadou Ibra Kane de TFM mettant aux prises l’éminent constitutionnaliste français Jean-Yves de Cara, Michel De Guillenchmidt et Mody Gadiaga, pour discuter de la constitutionnalité de la troisième candidature de Me Abdoulaye Wade pour l’élection de 2012 au regard de la Constitution de janvier 2001, le Professeur et constitutionnaliste Ameth Ndiaye s’est illustré fort remarquablement de par son aisance argumentative pour déconstruire les thèses versant dans la validité de la candidature de Abdoulaye Wade.
Dans cette émission de haute facture, le Professeur Ndiaye dont l’éloquence n’est plus à démontrer avait fait montre d’un office juridico-intellectuel pour abréger les velléités et les intentions infondées de ses Co-débateurs français afin de remettre les pendules à l’heure et contribuer à la défense de la constitution du Sénégal dans son entièreté. Pour lui, la Constitution est un texte sacré qui représente les aspirations socio-culturelles du peuple sénégalais souverain, dès lors sa transgression devient un affront pour tout constitutionnaliste. En effet, il suffit d’assister à ses cours de droit constitutionnel ou de justice constitutionnelle dans les salles de cours pour mesurer l’importance que le Professeur Ameth Ndiaye accorde à la Constitution et à ses dispositions, ciment de toute « volonté de vie commune ».
Treize ans plus tard, avec les mêmes questions liées à la Constitution et revêtant des enjeux politiques, la même attitude est détectée chez le professeur Ameth Ndiaye. Il s’est prononcé plusieurs fois sur la situation politico-juridique sénégalais pour éclairer les profanes et rappeler à l’ordre les fossoyeurs de l’ordre constitutionnel en vigueur au Sénégal. Mais la plus illustrative parmi ses sorties, est celle survenue le dimanche 18 février 2024 dans l’Emission Jury du dimanche sur la télévision Itv. La particularité de cet entretien réside dans le fait que c’est dans un contexte de pleine « crise préélectorale » qu’il a haussé le ton pour analyser la posture du Conseil constitutionnel, gardien de la Constitution, et l’attitude réfractaire et frustrante des hommes politiques.
Mr Ameth Ndiaye a analysé finement la décision du Conseil constitutionnel portant annulation du report de l’élection de 2024. Il est même allé jusqu’à souligner, en bon juriste, les maladresses rédactionnelles du Conseil qui ne spécifie pas ce qui enveloppe l’expression « pouvoir constituant », source de son incompétence fréquente et constatée sur plusieurs contentieux constitutionnels dont il est saisi. Dans cette émission le Professeur clarifie le contenu de pouvoir constituant en pouvoir constituant originaire et en pouvoir constituant dérivé.
Le Professeur a en quelque sorte commenté l’arrêt du Conseil constitutionnel en soulevant ses limites génératrice une sorte d’imbroglio juridique. Il a aussi rappelé l’attitude qui est attendue des autorités politiques dès lors qu’il est d’une certitude que conformément à l’article 92 alinéa 4 de la Constitution « les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours, elles s’imposent à tous les pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles. »
Avec son master class, le Professeur Ndiaye a fait preuve d’un courage intellectuel dans des moments où certains constitutionnalistes fuient ces questions portant sur la constitution en raison de la « sensibilité » du contexte et du terrain miné par des hommes politiques imbus et mus par leurs propres intérêts. Ps : Merci Professeur pour cet honneur rendu à vos étudiants que vous regarderez la tête haute lors de vos contacts dans les amphithéâtres et autres salles de cours.
Cheikh DIOUF, auteur du mémoire, encadré par vos soins, intitulé « Jus ad bellum et jus in bello ».