Le pape émérite Benoît XVI est décédé au monastère Mater Ecclesiae où il résidait depuis sa renonciation en 2013. Il a tiré sa révérence ce samedi vers 10 heures le matin, à l’âge de 95 ans,
Né en 1927, fils de gendarme, dans une famille simple et très catholique de Bavière, Joseph Ratzinger a été une figure majeure de l’Eglise du siècle dernier. Ordonné prêtre avec son frère Georg en 1951, il devient docteur en théologie deux ans plus tard et, en 1957, il est autorisé à enseigner la théologie dogmatique. Il est professeur à Freising, Bonn, Münster, Tübingen et enfin Regensburg. Avec lui, disparaît le dernier des souverains pontifes personnellement impliqués dans les travaux du Concile Vatican II. Très jeune et déjà théologien estimé, Joseph Ratzinger avait suivi de près l’assemblée en tant qu’expert du cardinal Frings de Cologne, proche de l’aile réformiste. Il était parmi ceux qui ont fortement critiqué les projets préparatoires préparés par la Curie romaine, balayés ensuite par la décision des évêques. Pour le jeune théologien, les textes «doivent donner des réponses aux questions les plus pressantes et doivent le faire, dans la mesure du possible, non pas en jugeant et en condamnant, mais en utilisant la langue maternelle». Joseph Ratzinger exalte la réforme liturgique à venir et les raisons de son inévitabilité providentielle. Il affirme que pour redécouvrir la vraie nature de la liturgie, il fallait «briser le mur du latin».
Gardien de la foi avec Wojtyla Mais le futur Benoît XVI a aussi été le témoin direct de la crise postconciliaire, de la contestation dans les universités et les facultés de théologie. Il assiste à la remise en cause de vérités essentielles de la foi et à des expérimentations sauvages dans le domaine liturgique. 1966, un an à peine après la fin du Concile, il disait voir l’avancée d’un «christianisme au rabais». En 1977, à 50 ans, Paul VI le nomme archevêque de Munich et le crée cardinal quelques semaines plus tard. Jean-Paul II lui a confié en novembre 1981 la direction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. C’est le début d’une collaboration étroite entre le pape polonais et le théologien bavarois, destinée à ne se dissoudre qu’avec la mort de Karol Wojtyla, qui a refusé jusqu’au bout la démission de Ratzinger, ne voulant pas se priver de ses qualités. C’est au cours de ces années que l’ancien Saint-Office met les points sur les «i» dans de nombreux domaines: il freine la théologie de la libération, qui utilise l’analyse marxiste, et prend position face à l’émergence de problèmes éthiques majeurs. L’œuvre la plus importante est certainement le nouveau Catéchisme de l’Église catholique, un travail qui a duré six ans et qui a vu le jour en 1992. Humble travailleur de la vigne Après la mort de Jean Paul II, le conclave de 2005 a appelé pour lui succéder en moins de 24 heures un homme déjà âgé – 78 ans – universellement estimé et respecté, même par ses adversaires.