Une vente aux enchères de biens ayant appartenu à l’ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor, prévue samedi en France, a été suspendue pour permettre des négociations directes avec le Sénégal qui souhaite acquérir tous ces lots, a-t-on appris auprès des organisateurs.
« Nous avons été contactés par l’ambassadeur du Sénégal en France et le ministère des Affaires étrangères français pour nous présenter la demande de médiation de l’Etat sénégalais autour des lots issus de la succession de Léopold Sédar Senghor et de son épouse », a expliqué à l’AFP Solène Lainé, commissaire-priseur associée à l’hôtel des ventes de Caen (nord-ouest). « L’Etat sénégalais souhaite acquérir la totalité du fonds Senghor », qui appartient à une particulière et n’a rien à voir avec le fonds légué à la mairie de Verson (Calvados, nord-ouest), a-t-elle ajouté. C’est dans cette commune, où il est décédé en 2001, que l’ancien président sénégalais avait l’habitude de passer des vacances d’été après son mariage avec Colette Hubert, une Normande, dans la propriété familiale. Le Sénégal a annoncé vendredi se porter acquéreur des lots mis aux enchères en France pour « préserver la mémoire et le patrimoine » de son ex-président (au pouvoir de 1960 à 1980). Ces quelque 200 lots sont principalement des « bijoux et décorations militaires de Léopold Sédar Senghor » ainsi que divers autres objets, comme des cadeaux diplomatiques. « Ma vendeuse et moi-même comprenons parfaitement l’émoi suscité par cette vente auprès des Sénégalais et des +Senghoristes+, nous avons donc décidé de sursoir à la vente dans un objectif de dialogue », a déclaré Solène Lainé. La négociation est « une question de semaines », selon la commissaire-priseur, qui se veut optimiste. « L’objectif de toutes les parties est de trouver un terrain d’entente » et « si la négociation aboutit, cela signifierait l’annulation de la vente », a-t-elle dit. En cas d’échec, les lots seraient remis aux enchères en décembre. Poète et écrivain, Léopold Sédar Senghor a été un chantre de la Négritude, un mouvement pour la défense des valeurs culturelles du monde noir qu’il a fondé dans les années 30 avec le Martiniquais Aimé Césaire et le Guyanais Léon Gontran Damas. Agrégé en grammaire française, il a été le premier Africain membre de l’Académie française. Il est décédé en 2001 à Verson à l’âge de 95 ans.