ÉMIGRATION CLANDESTINE: L’histoire tragique du jeune cinéaste sénégalais Doudou Diop

Le quotidien espagnol El País a retracé l’histoire tragique d’un jeune cinéaste sénégalais décédé lors d’une tentative de migration vers les Îles Canaries. Doudou Diop, connu pour ses documentaires engagés sur des questions environnementales, avait décidé de réaliser un film sur l’immigration irrégulière, avec le plus de réalisme possible.

L a nouvelle de sa mort a choqué ses amis, sa famille et ses collègues. Cependant, il s’est avéré que la mort tragique de Doudou Diop cachait un secret : il ne voulait pas émigrer, mais tourner un film sur l’émigration vers l’Europe. Il avait même tourné les premières scènes avec des acteurs à bord d’un bateau près de Saint-Louis, sa ville natale.

Mais cela ne lui semblait pas assez réel. 400 000 FCFA, le tarif du suicide Sans en informer personne, il a décidé de se lancer dans le voyage en tant que migrant. Ce serait son dernier voyage, son dernier film.

La famille de Doudou Diop, résidant à SaintLouis est dévastée. Son père, un policier à la retraite, se de – mande selon des témoignages recueillis par El País, pourquoi il ne lui en a pas parlé. Le jour de son départ, ce dernier pensait que Doudou se rendait à Dakar et lui a simplement souhaité bon voyage.

C’était le mardi 18 juillet. Doudou et ses amis Babacar et Tapha avaient déjà payé l’organisateur du voyage les 400 000 FCFA requis (environ 600 euros). Ils se sont rendus sur une grande pirogue vers 23h30 après avoir consulté un marabout pour une préparation mystique. Doudou Diop avait étudié le patrimoine à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, mais sa passion était le cinéma.

Après ses études, il a décidé de passer à l’action et s’est formé en photographie, en vidéo, en montage et en post-production au célèbre centre Yenenga de Dakar. En parallèle, il a réalisé ses premiers documentaires, tous porteurs d’un message fort sur l’environnement et la société. Ses films les plus connus sont « Vertedero », qui raconte la vie d’une femme et de ses enfants vivant de déchets, et « Vecinos de las aguas fecales », dénonçant les problèmes d’inondations et d’égouts dans son quartier. Le calme qui précédait la tempête…

Le voyage en mer a commencé calmement. Les migrants, absorbés par leurs peurs et leurs pensées, ne parlaient pas beaucoup. Le lendemain, Doudou a sorti son téléphone portable et a commencé à filmer, malgré les avertissements du capitaine de la pirogue. Il lui a répondu qu’il suivait simplement son personnage, Tapha, l’acteur de son film. Après plusieurs jours en mer, les problèmes ont commencé à se multiplier. La nourriture s’est épuisée, le vent soufflait fort et il faisait froid. Les vagues étaient énormes, et ils étaient trempés.

Malgré tout cela, Doudou continuait de filmer. Au bout de sept jours, les migrants ont commencé à pré- senter des éruptions cutanées et à vomir. Doudou a perdu connaissance, tout comme Ba – bacar. Ce dernier s’est réveillé à l’hôpital sans savoir ce qui était arrivé à Doudou.

Le 28 juillet, la Marine marocaine a intercepté une pirogue et a secouru 71 jeunes, qui ont rapporté que 14 personnes étaient décédées pendant la traversée, dont Doudou Diop. En même temps, 19 survivants ont été transportés à l’hôpital de Dajla, anciennement Villacisneros, souffrant d’hypothermie et de déshydratation.

Les familles au Sénégal commençaient à s’inquiéter après plus d’une semaine sans nouvelles de leurs proches. Le consul sénégalais au Maroc a informé le père de Doudou de ce qui s’était passé, mais il ne savait toujours pas si son fils était à bord de cette embarcation.

Source 5sur5 quotidien

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