En juillet 2009, Andrés Iniesta aurait dû célébrer une saison triomphale marquée par trois titres avec son club. Mais la disparition de son ami proche, le footballeur Dani Jarque, l’a entraîné dans une profonde détresse émotionnelle. Au sommet de sa forme physique avec Barcelone, Iniesta se sentait pourtant vidé intérieurement. Les matchs défilaient dans un flou, et derrière son calme habituel et sa maîtrise technique, se cachait un profond mal-être que peu pouvaient soupçonner.
À la fin de l’année 2009, Iniesta a volontairement intégré un centre spécialisé pour chercher une aide professionnelle. Il y a été diagnostiqué d’une dépression clinique, un combat intime qu’il a gardé secret, même envers la majorité de ses coéquipiers pendant des années. Alors que l’Espagne triomphait en Coupe du monde 2010 et qu’Iniesta inscrivait le but décisif, son mal-être, lui, ne s’était pas dissipé. Même au cœur de la gloire, il se sentait « engourdi » et « déconnecté » de tout.
Le stress psychologique a peu à peu miné la santé physique d’Iniesta. Entre 2009 et 2011, ses blessures musculaires à répétition ne relevaient pas uniquement de la malchance : elles étaient étroitement liées à un système nerveux fragilisé par l’anxiété et l’épuisement.
Iniesta attribue à sa famille et à sa compagne de l’époque, Anna Ortiz, qui est aujourd’hui son épouse, un rôle crucial dans sa reconstruction. Leur présence lui a apporté un équilibre vital, bien plus précieux que n’importe quelle tactique ou discours d’entraîneur durant cette période difficile. Dans son autobiographie publiée en 2016, Iniesta a évoqué pour la première fois publiquement sa dépression.
La révélation a surpris fans et coéquipiers, qui découvraient qu’un joueur perçu comme l’un des plus sereins du football avait, en réalité, été profondément brisé intérieurement. En partageant son vécu, Iniesta a rejoint le cercle restreint des athlètes de haut niveau qui contribuent à briser le tabou autour des troubles mentaux. Son témoignage a suscité une vague de soutien et a favorisé une prise de conscience accrue de ces enjeux dans le monde du sport.
Même après son départ au Japon pour rejoindre le Vissel Kobe, Iniesta admet que la dépression ne l’a jamais totalement quitté. Il explique avoir appris à la gérer grâce à la thérapie et à une plus grande honnêteté envers lui-même et ses émotions. L’héritage le plus profond d’Iniesta ne réside peut-être pas dans ses buts ou ses trophées, mais dans le courage avec lequel il a affronté la dépression. En osant parler, il a rappelé que même les légendes restent humaines, et qu’elles ont, elles aussi, besoin et méritent d’être aidées.