C’est une dynamique de chaos qui se dessine au Sahel », a alerté Alioune Tine, expert indépendant de l’Onu au Mali, dont le dernier rapport sur le terrorisme au Sahel est attendu au mois mars prochain.
Invité de l’émission « Objection » de ce dimanche sur Sud Fm, le fondateur d’Afrikajom Center ne cache pas sa préoccupation suite aux dernières attaques terroristes au Mali qui ont fait 64 morts au début du mois de septembre.
Selon lui, le retrait de Barkhane et de la Minusma, malgré leurs faiblesses, ont participé au pourrissement de la situation. « A l’heure actuelle, la situation n’a jamais été aussi mauvaise. Ce n’est pas moi qui le dis, mais le président de la Mauritanie dans « le Figaro ». Pour quelqu’un qui regarde ce qui se passe au Mali, au Burkina et au Niger, il est évident que les attaques qu’il y a montrent que la situation est extrêmement préoccupante », alerte Alioune Tine.
De son point de vue, cela appelle une réaction rapide de la Cedeao. « Il faut que la Cedeao ait une troupe en attente qui soit en place. Le Conseil de sécurité doit permettre la mise en place, dans les meilleurs délais, d’une véritable armée africaine formée pour lutter contre le terrorisme au plan régional », plaide la figure de proue de la société civile sénégalaise.
D’ailleurs, souligne M. Tine pour asseoir son argumentaire, « lors du forum de Dakar, tous les présidents avaient pointé du doigt les faiblesses de la Minusma et ont demandé à la Minusma de faire la guerre contre le terrorisme ». « Ce qui a toujours manqué, c’est une véritable armée régionale pour combattre le terrorisme. La Minusma n’était pas une force de riposte, mais une force de maintien de la paix », regrette-t-il.
A cette situation délétère, est venue se greffer la crise de la gouvernance, de la démocratie, de la sécurité et les dissensions au sein de la Cedeao.
Ainsi, d’après Alioune Tine, l’urgence, pour l’organisation sous-régionale, doit être de trouver les moyens de « se réconcilier avec les juntes » pour enfin prendre à bras le corps ce problème du terrorisme.
Pour l’expert indépendant de l’Onu qui doit se rendre très prochainement au Mali, il est encore possible d’éviter le chaos. Mais il faudrait d’abord sérier les problèmes. Il faut absolument de la diplomatie et dialoguer avec les différents acteurs, à l’en croire. Selon lui, ce ne sont pas seulement les chefs d’État qui vont régler ce problème puisqu’eux-mêmes « font partie des problèmes ». « La Cedeao a un excellent texte, mais la plupart des chefs d’État ne le respecte pas, notamment avec les questions de 3e mandat, l’hyper-présidentialisme, la corruption. Il faut repenser le fonctionnement de la Cedeao », conclut-il.